Avant le XVIe siècle, seuls les Arabes et les Austronésiens (habitant l'Indonésie et la Malaisie d'aujourd'hui) connaissent l'océan Indien. Le premier nom donné à La Réunion le fut par les Arabes bien avant 1450 : Dina Morgabim.
En 1498, Vasco de Gama arrive dans cet océan, remonte le canal du Mozambique, explore Madagascar, l'île de Mozambique et va jusqu'à Calicut, en Inde. Au passage, il détruit la ville de Kingani au nord de Madagascar. La colonisation européenne de l'Océan Indien commence avec cette première grande expédition.
Après les Portugais, les Anglais et les Hollandais, les Français s'engagent dans l'aventure coloniale. Ils « découvrent » les îles et s'y installent, utilisant la main-d'œuvre esclave, achetée principalement en Afrique et à Madagascar...
Pendant un siècle, la Compagnie des Indes administre directement l'île Bourbon qui lui est concédée par le Roi de France. En 1665, l'île accueille son premier gouverneur, étienne Regnault, agent de la Compagnie des Indes. L'administration crée les premiers quartiers, exploite les richesses (tortues, gibier...) et accorde les premières concessions. En 1667 naît le premier enfant connu de Bourbon, mais il est probable que les premières femmes malgaches arrivées en 1663 avec Louis Payen aient déjà mis au monde des enfants. La colonisation définitive de l'île commence avec l'arrivée des premiers colons français accompagnés d'une main-d'œuvre malgache qui n'est pas encore officiellement asservie. Les « serviteurs » sont au service des colons de la Compagnie des Indes.
Dans cette période, l'île connaît de nombreux changements administratifs et judiciaires. Sur le plan économique, c'est la période des épices. Le gouverneur Pierre Poivre introduit notamment des épices (girofle, muscade) qui apportent un modeste complément à la culture du café. L'action de Pierre Poivre a considérablement enrichi et diversifié la flore de l'Ile.
Ces deux périodes sont des périodes troubles pour l'île, qui subit les contrecoups des guerres de la Révolution et l'Empire. Les tensions naissent surtout quand l'Assemblée Coloniale créée par la Révolution refuse d'abolir l'esclavage.
L'île Bourbon devient en 1793 l'île de La Réunion. Cependant Napoléon transforme à nouveau le statut de l'île en la plaçant sous l'autorité d'un capitaine général résidant en île de France. L'assemblée coloniale est supprimée et l'esclavage rétabli en 1802.
L'île prend le nom d'île Bonaparte en 1806. Elle reprendra le nom de Bourbon en 1814.
Plus de 45 000 esclaves sont introduits à Bourbon entre 1817 et 1831. La traite clandestine est tolérée par les autorités de Bourbon malgré l'interdiction officielle de 1815 (Congrès de Vienne). En 1830, après les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet gouverne en métropole. La traite est énergiquement combattue. Les lois Mackau (1845) adoucissent le régime des esclaves.
L'esclavage est aboli mais l'île reste une colonie française jusqu'en 1946. Un nouveau système d'asservissement des hommes - « l'engagisme » ou concept plus adapté le « servilisme » - est à la base de la nouvelle organisation économique et sociale de l'île. Au 1er janvier 1848, la population esclave s'élève à 62 151 individus soit 60 % de la population totale. Libérés le 20 décembre 1848, les affranchis auront chacun un nom (attribué par l'administration coloniale) rajouté à leur ancienne appellation d'esclave. Une minorité d'entre eux acceptent de rester auprès de leurs anciens maîtres, les autres vagabondent misérablement dans l'île ou se réfugient dans les hauteurs de l'île à la recherche de terres libres à défricher.
Plus de 100 000 "engagés" Malgaches, Indiens (Malabars) et Africains (Cafres) seront introduits dans la colonie par les propriétaires d'anciens esclaves pour remplacer ceux-ci sur les plantations. L'île prend le nom d'île de La Réunion après la promulgation du décret du 7 mars 1848, le 9 juillet 1848 à La Réunion...
De 1947 à nos jours, l'île de La Réunion connaît une accélération de son histoire. En un demi-siècle, les bouleversements sociaux, économiques, politiques sont considérables. La société de plantation de l'époque coloniale laisse la place à la société de consommation, mais l'économie réunionnaise reste fragile, artificielle, déséquilibrée avec un secteur tertiaire hypertrophié et des transferts sociaux abondants qui entretiennent un assistanat aux conséquences catastrophiques. En l'espace d'un demi-siècle, la population (227 000 habitants en 1946) a triplé (740 000 habitants en 2004), résultat de progrès médicaux considérables entraînant une baisse spectaculaire de la mortalité tandis que la natalité reste forte, et, plus récemment d'un pouvoir attractif de l'Ile qui attire de plus en plus d'immigrants de la métropole, d'europe et de l'océan indien! La croissance économique, bien que forte, ne suffit pas à donner de l'activité à toute cette population, d'où l'importance du taux de chômage.
Les producteurs de canne avaient recours à l'esclavage pour exploiter leurs plantations. La main d'œuvre venait surtout d'Afrique de l' Est (les "cafres") , de Madagascar, de Guinée et d'Inde. Un petit nombre d'esclaves parvenaient à s'enfuir des propriétés, et cherchaient refuge dans les zones montagneuses. On appelle ces esclaves les Marrons, terme créole qui signifie "fugitif" ou "sauvage". Ces fuyards étaient pourchassés par des chasseurs professionnels de marrons et par la gendarmerie.
L'accroissement considérable des effectifs d'esclaves, l'existence de marrons qui se livraient à des rapines nocturnes, créaient pour les blancs un climat d'insécurité croissant, d'où résultaient un antagonisme croissant entre blancs et noirs, une sévérité toujours accrue des maîtres, des révoltes d'esclaves durement réprimées ...
Le développement des exploitations caféières a enrichi certains exploitants, mais d'autres, ne pouvant acquérir autant d'esclaves que nécessaire, se voyaient acculés à céder leurs propriétés, ruinés par la baisse des cours du café. Ils se réfugiaient sur les hauteurs de l'île, vivant pauvrement de cultures vivrières : on les a nommés les "petits blancs des hauts". La population des Hauts augmentait avec ces nouveaux arrivants et les zones centrales de l'île se peuplèrent : les cirques de Salazie et de Cilaos, le plateau de la Plaine des Palmistes et de la Plaine des Cafres.